Ne pas transmettre ses directives anticipées : l'affaire Vincent Lambert

Ne pas transmettre ses directives anticipées : l'affaire Vincent Lambert

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L'importance de transmettre ses directives anticipées : l'affaire Vincent Lambert

En France, la loi fait une large place aux directives anticipées. Ces dernières sont des consignes écrites par une personne concernant les soins qu'elle souhaite recevoir en fin de vie. C'est un moyen pour la personne de maintenir une certaine autonomie dans une situation où elle ne serait plus en mesure de s'exprimer.

Dans une telle situation, les médecins sont tenus de respecter ces directives. Toutefois, si ces directives anticipées ne sont pas transmises, elles ne peuvent pas être prises en compte, comme ce fut le cas dans l'affaire Vincent Lambert.

L'affaire Vincent Lambert : une situation complexe

Un accident aux conséquences dramatiques

L'affaire Vincent Lambert est un cas qui a marqué l'opinion publique en France et à l'étranger. Il s'agit d'un homme qui, suite à un accident de la route, se retrouve dans un état de santé très précaire.

Incapable de s'exprimer et de prendre des décisions concernant ses soins, la situation de Vincent Lambert a déclenché un débat national sur la question du droit à mourir et de la fin de vie.

Sa famille s'est déchirée, entre ceux qui voulaient maintenir les traitements et ceux qui souhaitaient l'arrêt des soins, faisant de cette affaire une question éthique, juridique et médicale de premier plan.

Les membres de la famille impliqués

Dans l'affaire Vincent Lambert, plusieurs membres de la famille Lambert ont été impliqués.

Vincent Lambert

Le protagoniste principal de l'affaire, né Vincent Philippon, est le premier enfant du couple formé par Pierre et Viviane Lambert.

Rachel Lambert, sa femme

Rachel Lambert, l'épouse de Vincent Lambert, était favorable à l'arrêt des soins, conformément aux souhaits exprimés par son mari. Elle s'est jointe à d'autres membres de la famille, tels que son neveu François Lambert, pour demander que le CHU de Reims mette en œuvre la décision du patient. Rachel Lambert a soutenu que son mari aurait refusé d'être maintenu en vie dans un état végétatif et qu'il aurait préféré mourir.

Pierre Lambert

Père de Vincent Lambert, responsable départemental de Laissez-les vivre, une ligue anti-avortement opposée à la loi Veil, et gynécologue.

François Lambert

Neveu de Vincent Lambert, a saisi la justice en 2015 pour demander que le CHU de Reims soit contraint de mettre en œuvre la décision du patient.

Viviane Lambert, sa mère

Viviane Lambert, la mère de Vincent Lambert, s'était battue pendant de longues années pour le maintien en vie de son fils, qui était dans un état végétatif depuis onze ans à la suite d'un accident de la route en 2008. Elle était rejointe dans cette lutte par son époux, ainsi qu'un frère et une sœur de Vincent Lambert, tandis que l'épouse de ce dernier, Rachel, son neveu, François, et la plupart de ses autres frères et sœurs étaient favorables à l'arrêt des soins, dans le respect des volontés exprimées par Vincent Lambert.

Le procès Lambert contre Lambert

Le procès de Lambert contre Lambert a été intenté par François Lambert, neveu de Vincent, contre ses grands-parents Pierre et Viviane Lambert, parents de Vincent. François Lambert a demandé que le CHU de Reims soit contraint de mettre en œuvre la décision du patient, qui était selon lui en faveur de l'arrêt des soins. Ce procès a été l'un des nombreux rebondissements de l'affaire Vincent Lambert, qui a duré plus de sept ans et a été marquée par des déchirements familiaux et des procédures judiciaires.

L'arrêt des soins décidé par la Cour de Cassation en 2019

Le 28 juin 2019, la Cour de cassation a rendu son arrêt, ouvrant la voie à un nouvel arrêt des traitements maintenant en vie Vincent Lambert, un patient tétraplégique en état végétatif depuis onze ans. Cet arrêt a confirmé la décision de la Cour d'appel de Paris du 20 mai 2019, qui avait autorisé l'arrêt des traitements de Vincent Lambert.

La Cour de cassation a jugé que l'arrêt des traitements était conforme à la loi Leonetti, qui encadre la fin de vie en France, et que le maintien en vie de Vincent Lambert était une obstination déraisonnable.

Le rôle des médecins dans la prise de décision

Dans l'affaire Lambert, les médecins ont été au cœur de la prise de décision. En France, la loi leur donne un rôle central dans la décision d'arrêter ou de poursuivre un traitement. Toutefois, dans un cas aussi complexe que celui de Vincent Lambert, leur position était particulièrement délicate.

Ils ont dû jongler entre :

●     Le respect de la volonté du patient, à supposer qu'elle puisse être connue.

●     Le respect du serment d'Hippocrate qui les oblige à préserver la vie.

Le manque de directives anticipées a compliqué la situation, ne leur permettant pas de savoir avec certitude quels étaient les souhaits de Vincent Lambert concernant ses soins.

Le contexte législatif de l’affaire Vincent Lambert : la loi Claeys-Leonetti

L'affaire Lambert a eu un impact majeur sur la législation française concernant la fin de vie. Elle a notamment conduit à une prise de conscience de l'importance des directives anticipées. En effet, si Vincent Lambert avait rédigé de telles directives, la situation aurait pu être plus claire pour les médecins et la famille.

Ainsi, depuis 2016, la loi Claeys-Leonetti permet à toute personne majeure en France de rédiger des directives anticipées où elle exprime ses volontés concernant sa fin de vie. Cette loi entre dans le contexte de l'affaire Vincent Lambert où le manque de directives claires a créé une situation de conflit familial et d'incertitude médicale.

Les directives anticipées, en vertu de cette loi, ont une valeur contraignante. Autrement dit, les médecins sont tenus de les respecter, sauf en cas d'obstination déraisonnable, c'est-à-dire si les traitements sont inutiles, disproportionnés ou qu'ils n'apportent aucun bénéfice à la personne.

Pour autant, malgré l'existence de cette loi, très peu de Français ont rédigé leurs directives anticipées. Les discussions sur la fin de vie restent souvent taboues dans notre société, et l'affaire Vincent Lambert a montré à quel point cette question pouvait être source de tensions et de conflits.

Note : Ces directives doivent être conservées dans le dossier médical ou le Wishbook de la personne et peuvent être révisées ou révoquées à tout moment.

Les leçons à tirer de l'affaire Vincent Lambert

Les leçons à tirer de l'affaire Vincent Lambert

L'affaire Lambert a montré à quel point il est important de parler de sa fin de vie et de rédiger des directives anticipées. C'est un acte de responsabilité qui permet d'éviter à ses proches de se retrouver dans une situation de doute et de conflit.

Il est aussi nécessaire de faire confiance aux médecins. Ils sont les mieux placés pour évaluer l'état de santé du patient et décider de la meilleure conduite à tenir. Mais cette confiance ne peut se construire que si le patient a eu l'occasion de s'exprimer sur ses volontés, de préférence par écrit dans des directives anticipées.

Cette affaire a également montré qu'il est nécessaire d'avoir un cadre légal clair et respecté par tous, pour éviter les dérives et assurer la protection des droits du patient. La loi Claeys-Leonetti va dans ce sens, mais elle doit être connue et comprise de tous pour être efficace.

Conclusion : L’impact de l’affaire Lambert sur les directives anticipées

L'affaire Vincent Lambert a révélé l'importance d'aborder clairement la question de la fin de vie et d'établir des directives anticipées. En effet, au-delà du respect de la volonté de la personne, rédiger des directives anticipées permet de :

●     Faciliter les prises de décisions médicales dans des situations complexes

●     Éviter de plonger les proches dans des conflits douloureux.

Le défaut de directives anticipées dans cette affaire a souligné la nécessité de faire évoluer la législation française, incluant la loi Claeys-Leonetti. Malgré cela, peu de Français ont jusqu'à présent rédigé des directives anticipées. Il est donc crucial de sensibiliser davantage les citoyens sur l'importance de ces directives.

D’autre part, cette affaire a mis en lumière le rôle crucial de la confiance entre :

●     Les patients.

●     Les médecins.

●     Les proches.

L'affaire Lambert doit nous rappeler que les soins palliatifs et les questions de fin de vie ne sont pas uniquement des questions médicales, mais également éthiques et humaines. Il est essentiel de maintenir un dialogue ouvert pour éviter l'acharnement thérapeutique et respecter la volonté du patient via les directives anticipées.

L'affaire Lambert doit nous rappeler que les soins palliatifs et les questions de fin de vie ne sont pas uniquement des questions médicales, mais également éthiques et humaines.

FAQ

Quel est le sujet de l'affaire Vincent Lambert ?

L’affaire Vincent Lambert est un cas médical controversé survenu en France en 2013. Vincent Lambert, un ancien infirmier, a été victime d’un accident de voiture.

Ses médecins ont décidé de suspendre ses traitements et sa famille s’est divisée sur la décision à prendre, certains souhaitant le maintenir en vie et d'autres estimant qu'il devrait être laissé mourir.

Quelles sont les directives anticipées ?

Les directives anticipées sont des instructions écrites qui indiquent vos préférences concernant les soins et le traitement médicaux que vous souhaitez recevoir ou refuser en cas de maladie grave ou de fin de vie imminente.

Vous pouvez spécifier les types de traitements et d'interventions médicales que vous souhaitez ou ne souhaitez pas recevoir si vous êtes incapable de communiquer.

Qu'est-ce que la loi Leonetti ?

La loi Leonetti est une loi française adoptée en 2005 qui établit des droits et obligations concernant l'accompagnement des personnes en fin de vie.

Elle stipule que toute personne qui refuse des traitements ou qui demande l'arrêt des traitements peut bénéficier d'une prise en charge spécialisée pour soulager la douleur et le malaise physique et psychologique associés à la fin de la vie.

Qui décide du sort de Vincent Lambert ?

Le sort de Vincent Lambert a été décidé par une série de procédures judiciaires et médicales, impliquant le CHU de Reims, la Cour d'appel de Paris et la Cour de cassation, qui ont finalement autorisé l'arrêt des traitements, mettant ainsi fin à sa vie.

Comment est mort Vincent Lambert ?

Vincent Lambert est décédé le 11 juillet 2019, neuf jours après l'arrêt de son alimentation et de son hydratation (décidé par la Cour d'appel), mettant ainsi fin à l'une des affaires les plus médiatisées et controversées de ces dernières années en France.

Qui est la mère de Vincent Lambert ?

La mère de Vincent Lambert est Viviane Lambert.

Où en est l'affaire Lambert ?

L'affaire Vincent Lambert, qui a duré plus de dix ans, s'est finalement terminée le 11 juillet 2019 avec le décès de Vincent Lambert, après un coma de plus de dix ans et plusieurs arrêts et reprises de son alimentation et de son hydratation artificielles.